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sent ressenti tout ce qu’a d’horrible cette inégalité qui fait qu’ils jouissent de tous les avantages sociaux, éducation, instruction, loisirs artistiques de toute nature, part distributive dans la consommation hors de proportion avec leurs besoins réels, alors que les travailleurs, presque tous hors d’état de jouir même de la mince parcelle d’instruction qu’on ne leur offre qu’à regret, sont voués à la misère, à la faim et à un abrutissement qui s’accroît en raison même du développement des moyens de produire[1].

Travailleurs et bourgeois ainsi rapprochés, confondus dans l’idée commune du salut public, eussent compris que la monarchie — le privilége — divise et crée les antagonismes, tandis qu’au contraire la République — c’est-à-dire le droit et la justice garantis à tous — rapproche, unit et solidarise les intérêts.

Les mains se fussent pressées et tous eussent senti qu’ayant participé à la défense commune, avec une même abnégation et un même amour de la patrie, tous aussi avaient droit à une égale part aux jouissances que procurent l’instruction et le travail.

Et les douleurs et les désastres que nous préparait l’invasion prussienne se transformaient en une régénération sociale et en un véritable et définitif triomphe de la liberté et de l’égalité.

L’Allemagne refoulée sur son territoire, la France victorieuse de l’invasion à l’aide des seules forces populaires, c’en était fait des armées permanentes et du militarisme, dont l’impuissance eût été nettement démontrée, non seulement chez nous mais sans nul doute dans l’Europe occidentale. Les travailleurs, désormais libres de toute oppression, eussent vu disparaître les obstacles légaux opposés à leur affranchissement, et la révolution économique, sans laquelle il ne

  1. Qui n’a pu se convaincre que l’intelligence des ouvriers, en tant que producteurs, diminue au fur et à mesure du perfectionnement des machines dont ils ne seront bientôt plus, sauf de rares privilégiés, que les esclaves inconscients.