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quer aussi que nul n’avait le droit de rester indifférent et inactif devant le danger.

Quant à l’envoi de délégués en province pour y stimuler le patriotisme des habitants et les entraîner au secours de Paris menacé et des départements envahis, les événements n’ont que trop prouvé combien la province, grâce aux haines que la presse réactionnaire y avait su exciter contre Paris, n’était que trop disposée à laisser écraser cette ville par les Prussiens, oubliant que cet écrasement était du même coup celui de la Patrie et de la Liberté !

Les mesures du Comité central républicain furent surtout appuyées par le citoyen Blanqui, rédacteur en chef du journal la Patrie en Danger, qu’il venait de fonder et dans lequel ce dévoué citoyen se révéla aux Parisiens comme un journaliste de premier ordre et d’un véritable bon sens pratique.

Assimilant, avec une haute raison, la situation présente de Paris à celle d’un bâtiment menacé de naufrage et contraint de ménager ses ressources pour tenter d’arriver au port, il faisait toucher du doigt l’impérieuse nécessité de rationner à chacun la quantité de vivres disponibles et de concentrer toutes les énergies vers le but à atteindre : le salut de Paris et du pays tout entier.

Que ces sages conseils eussent été suivis ; que les mesures indiquées dans le programme que nous venons de reproduire eussent été appliquées, la France, nous n’en doutons pas, eût été délivrée de la Prusse, et la République définitivement assise cette fois. Trois mois de la vie créée par la pratique de ces mesures, et de nouvelles mœurs en surgissaient.

Les distinctions sociales artificielles et surtout blessantes disparaissaient ; prolétaires et bourgeois, vivant de la même vie, apprenaient à s’apprécier plus exactement. Les bourgeois eussent compris toute l’injustice de la supériorité légale de leur position ; ils eus-