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faire entrer de nouveaux approvisionnements ; il fallait aussi faire l’inventaire de tout ce dont on disposait déjà.

Il fallait faire un recensement exact des bouches à nourrir et des combattants à entretenir, afin d’éviter le gaspillage et d’organiser un rationnement intelligent qui, tout en ne froissant pas subitement certaines habitudes, permît d’arriver peu à peu à une répartition équitable des ressources communes, pour faire face aux éventualités les plus difficiles que pourraient offrir les péripéties du siége.

Cette besogne nécessitait non seulement l’emploi d’habiles administrateurs, mais encore d’hommes compétents sachant aussi préserver les approvisionnements de toute avarie résultant, soit de l’intempérie de la saison, soit d’une agglomération inusitée. Enfin il fallait que la distribution fût faite par des hommes dont l’honnêteté fût constatée, et exercés de longue main à faire cette distribution, au mieux des intérêts de tous et avec le moins de déperdition possible.

Travail énorme, que la division à l’extrême et l’emploi de capacités spéciales, opérant sous la surveillance immédiate des intéressés, pouvaient seuls mener à bien.

Comment en effet concevoir que, si capables qu’ils pussent se prétendre, une poignée d’hommes suffirait à pourvoir aux nécessités de la politique extérieure et intérieure ainsi qu’aux besoins multiples de la défense d’une ville de deux millions d’habitants en temps ordinaire, mais dans laquelle venaient se réfugier à chaque instant les habitants de communes à plus de trois lieues de rayon ?

Sans doute le gouvernement s’était entouré d’aides, mais comment eût-il trouvé le temps d’en apprécier la moralité et l’intelligence et par quels moyens d’investigation ?

Aussi jamais gâchis plus complet ne se produisit-il au détriment de la défense ainsi que de la dignité et de la vie même des citoyens. Les malheurs publics qui