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généralement rien à envier à l’auteur de leur installation dictatoriale. Tous les magistrats municipaux appartenaient d’ailleurs à la bourgeoisie et étaient généralement connus pour être les adversaires des socialistes[1].

Il était ainsi évident — dès le 5 septembre — que, fidèle à ses traditions autoritaires, le parti républicain de 1848, arrivé de nouveau au pouvoir, n’avait, lui non plus, rien oublié ni rien appris et que la Révolution et la République allaient encore une fois être mises en péril par sa faute.

Cette constitution des municipalités parisiennes était de tous points regrettable dans de semblables circonstances.

Outre que le choix de ceux qui les composaient était, nous le répétons, généralement défectueux, la façon dont on y avait procédé indiquait un oubli complet des principes et des nécessités du moment.

Les prévisions, pour Paris, d’un siége dont on ne pouvait préciser la durée, créaient de terribles difficultés administratives et il était urgent d’y pourvoir. Or, s’il est de principe absolu que la commune en temps ordinaire ait le droit de choisir ses administrateurs, en présence d’une situation exigeant les lumières et le concours de tous, ce droit devait à plus forte raison être pratiqué et reconnu par ceux qui, durant quinze ans, en avaient fait le thème principal de leur opposition à l’empire.

Il fallait emmagasiner le plus rapidement possible tout ce qui était nécessaire au prolongement de la défense : denrées alimentaires, bétail, fourrages, combustibles, matériaux de construction, métaux, cuirs, étoffes, enfin tout ce qui devait concourir à l’alimentation, à l’équipement et à l’armement des citoyens appelés à combattre. Il ne suffisait pas seulement de

  1. Celui du 19e arrondissement, entr’autres, M. Richard, répétait à qui le voulait entendre qu’on n’en avait pas assez tué en juin 1848. — Il doit maintenant être au comble de la joie.