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seulement et pour opiner du bonnet, leur intervention dans l’action gouvernementale serait absolument de nul effet et qu’ils étaient destinés à servir d’appoint aux combinaisons et aux intrigues des hauts chefs d’emploi.

Enfin la nomination du comte de Kératry à la préfecture de police — avilissante institution — indiquait suffisamment au parti conservateur qu’il n’y aurait rien de changé que des noms propres.

Les seuls titres de ce citoyen à la fonction importante qui venait de lui être dévolue, étaient d’avoir critiqué, dans la Revue des Deux Mondes, la campagne du Mexique, à laquelle il avait d’ailleurs volontairement participé, puis d’avoir, par une lettre demeurée fameuse, convoqué les députés de l’opposition sous l’empire à se réunir constitutionnellement au Corps législatif — à défaut de décret — le 26 octobre 1869. Il avait, bien entendu, reculé l’un des premiers devant sa propre audace, dès qu’il eut compris que, le peuple prenant sa proposition au sérieux, une révolution en pouvait résulter.

Ainsi donc, nulle confiance dans les caractères, non plus que dans l’unité de vues et d’action, telle était la situation en face d’une révolution politique et d’une des plus rapides invasions étrangères qui fussent jamais. Sans compter toutes les difficultés administratives dont cette situation était grosse, et la nécessité de faire face aux légitimes revendications des travailleurs, qui, prêts à donner leur sang pour le salut de la patrie, n’entendaient pas du moins que ce fût en faveur des seuls privilèges capitalistes et aux dépens de leur propre affranchissement et de celui de leurs enfants.

Aussi, dès le soir du 4 septembre, et pendant que le nouveau gouvernement distribuait les emplois publics à ses amis, les membres de l’Internationale et les délégués des chambres syndicales ouvrières se réuni-