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Les ouvriers, dans leur ardent patriotisme et surtout désireux de refouler l’ennemi au-delà de nos frontières, consentirent de leur côté à courir le risque d’une situation qui, à travers le danger qu’elle offrait, laissait entrevoir pourtant l’avènement de la République.

Le pacte fut donc tacitement conclu.

La garde nationale bourgeoise, accourue à l’appel de ses chefs, appuyant de sa présence les citoyens massés sur le pont de la Concorde, les quais et les rues avoisinant le palais législatif, ce palais fut envahi ; l’assemblée déclarée dissoute ; la déchéance proclamée, aux cris de : Vive la République ! malgré la résistance de la gauche éperdue de tant d’audace et qui, Gambetta en tête, engageait le peuple à attendre respectueusement la décision d’une majorité impuissante et avilie.

Les députés de Paris, terrifiés de leur succès, furent littéralement entraînés à l’Hôtel-de-Ville pour y constituer un gouvernement provisoire, qui prit modestement le nom de gouvernement de la Défense nationale !

Seul entre tous, le citoyen Emm. Arago était arrivé avec une certaine résolution à l’Hôtel-de-Ville et, en prévision de cette échéance, s’était muni d’une écharpe rouge qu’il jeta à son oncle Étienne — présent par hasard — en lui disant : « Tiens, Étienne, tu es maire de Paris ! » Et ce fut ainsi que le poste le plus important de Paris, en ce moment où on avait le plus besoin d’administrateurs intelligents et fermes, fut donné à un homme dont l’indécision et l’incapacité administrative n’était un secret pour personne !

Le gouvernement fut donc composé de tous les députés de Paris, moins un — M. Thiers — plus de MM. J. Simon, Gambetta, E. Picard, qui, malgré leur option pour les départements, où ils avaient obtenu de doubles élections, avaient avec Paris de trop vives attaches pour n’être pas considérés comme étant encore ses représentants. — Le général Trochu remplaça M.