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Cependant, malgré toutes les lâches reculades des membres de l’opposition au Corps Législatif, l’échéance approchait.

Les journaux les plus timides eux-mêmes s’étonnaient des ajournements continuels apportés à la déchéance réclamée par tous les partis auprès de l’Assemblée : mais il était dit que les députés républicains n’épargneraient aucune honte aux électeurs qui exigeaient d’eux qu’ils donnassent enfin une preuve de leur prétendue irréconciliabilité.

De son côté, espérant toujours que quelque succès de nos armes viendrait calmer l’indignation croissante de Paris contre l’empire, Napoléon III se décida à donner une situation à la fois politique et militaire importante au moins déconsidéré des généraux qu’il avait jusqu’alors employés.

Le 16 août, le général Trochu fut investi d’une sorte de dictature sous le titre de gouverneur de Paris.

Ce militaire, connu seulement par une brochure sur la réorganisation de l’armée, publiée quelque temps après Sadowa (1866), était en même temps réclamé du parti légitimiste et de l’orléanisme.

Breton et catholique et portant tous les signes extérieurs de l’entêtement et d’un esprit étroit et rétrograde, les légitimistes le regardaient comme un restaurateur possible des vrais Bourbons ; mais, soit calcul jésuitique, soit inconséquence, certaines déclarations de libéralisme l’avaient fait accepter aussi par les orléanistes comme un des leurs.

Enfin, jusque là serviteur passif, quoiqu’un peu trop négligé peut-être, du régime impérial et de toutes ses bassesses, tout dans cet homme dénotait en tous cas un de ces caractères doubles et sans conviction réelle, sur lesquels aucun parti ne peut sérieusement compter, prêts qu’ils sont à les trahir tous.

Ce fut pourtant devant un tel homme que députés républicains, journalistes, ex-représentants et minis-