Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 54 —

fois — mais pour de tout autres motifs — avec M. Thiers, avaient eu raison de vouloir s’opposer à cette guerre imbécile.

Le 7 août et contrairement à certains bruits de victoire qui avaient couru la veille, Paris stupéfié apprenait officiellement que « bien que tout ne fût pas encore perdu ( sic) » de formidables revers menaçaient l’intégrité du sol français, et que la capitale devait songer à organiser sa défense contre l’ennemi victorieux, dans trois batailles successivement perdues, par suite de l’impéritie de généraux incapables, sinon vendus !

Le 9 août, jour de la réouverture du Corps Législatif dont les séances avaient été suspendues depuis le lendemain de la déclaration de guerre, le peuple de Paris se présenta sans armes sur la place de la Concorde, espérant que l’opposition républicaine allait réclamer le prompt armement de tous les citoyens et la déchéance d’une dynastie qui, pour la seconde fois en un demi-siècle, avait ouvert les portes du pays à l’étranger.

Vain espoir ! l’opposition qui redoutait autant le peuple armé que l’empire lui-même, se garda bien de répondre à l’appel qui lui était fait[1].

Il y a plus, le If août, dans une séance tenue le soir chez M. Crémieux et à laquelle assistaient, d’une part, MM. E. Pelletan, Glais-Bizoin, Emmanuel Arago, Desseaux et Girault (du Cher) ; d’autre part, environ soixante délégués des chambres ouvrières et de l’Internationale, les premiers, mis en demeure par les seconds de prendre une attitude nette et décisive, après avoir déclaré assez niaisement qu’ils étaient tout disposés à « suivre le peuple » si celui-ci était prêt à prendre l’initiative d’un mouvement, n’eurent pas honte d’ajouter alors « qu’il fallait attendre quelque nouveau

  1. Les déclarations de M. Jules Favre, le chef de cette opposition, à l’Assemblée de Versailles après le 18 mars, ne laissent aucun doute à cet égard.