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le refus de contribuer à cette lutte fatale, fût-ce même et comme il en avait été question en 1867 — lors de l’affaire du Luxembourg — par la cessation générale du travail dans les deux pays.

Malheureusement nos députés républicains avaient la vue aussi courte que nos gouvernants avaient le cœur léger, et, M. Thiers excepté — le seul qui restât logique en cette affaire — tous votèrent les suppléments de crédit dont on avait besoin. Plus encore, certains d’entr’eux ne craignirent pas, quelques jours plus tard, de joindre l’éclat de leurs voix aux refrains patriotiques que la police faisait alors chanter jusque sur nos plus grandes scènes théâtrales pour chauffer l’enthousiasme populaire[1].

Le chauvinisme, c’est-à-dire, cet esprit de patriotisme étroit auquel font également défaut la justice et le bon sens, se réveilla alors sur toute la ligne. Poussés par le désir abominable de maintenir une clientèle dont la police n’avait que trop réussi à surexciter de vieilles rancunes nationales, les journaux républicains de toutes nuances, imitant les députés de l’opposition, firent chorus avec les journaux du gouvernement et la majorité parlementaire. Paris intelligent eut alors la honte d’entendre à bout d’un autre de ses boulevards le cri insensé de « vive la guerre ! »

Joignant l’action à la théorie, l’Internationale tenta en vain d’organiser des contre-manifestations en faveur de la paix ; il se trouva des journaux, même parmi ceux qui faisaient profession de foi républicaine, qui n’eurent pas honte d’accuser les socialistes d’être « vendus à la Prusse, » et peu s’en fallut qu’on ne fit alors contre ceux-ci une véritable St-Barthélemy.

Moins d’un mois après, les événements ne prouvèrent que trop combien les socialistes, d’accord cette

  1. Il fut constate par le journal la Cloche, que le lundi 18 juillet, M. Gambetta se faisait remarquer dans une loge de l’Opéra, accompagnant le refrain de la Marseillaise, que chantait alors par ordre Mlle Marie Sasse.