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n’eut d’autres résultats que de faire traduire tous les signataires — et ils étaient nombreux — devant les tribunaux correctionnels, sans qu’aucun membre de l’opposition dite républicaine élevât la voix pour les appuyer.

Ce n’est pourtant pas que cette opposition fût d’abord très-disposée à acclamer la guerre.

Outre que celui qui y poussait le plus parmi les ministres impériaux, étant un renégat du parti républicain — M. Emile Ollivier — l’opposition n’eût pas été fâchée de le battre en brèche à cette occasion, celle-ci sentait instinctivement qu’elle se trouvait prise dans ce terrible dilemme : ou Napoléon III triomphait de la Prusse et c’en était fait de ses espérances de pouvoir, le vainqueur, couvert de gloire, redevenant maître absolu d’une situation qui consolidait sa dynastie : ou nos armées étaient vaincues, et ce pouvait être, avec la ruine et le déshonneur du pays, la restauration d’une des familles chassées en 1830 et en 1848.

Enfin une dernière considération la retenait aussi de donner son approbation à la guerre. C’était l’absence complète de certitude qu’on fût réellement préparé à la soutenir et à faire face aux éventualités qui se pourraient présenter. Cette dernière considération, développée surtout par M. Thiers avec une grande énergie, avait en somme une importance dont les événements ultérieurs ne démontrèrent que trop la gravité.

Mais, oubliant que, dans ce conflit, le triomphe de deux despotismes était seul en cause, l’opposition républicaine ne sut point prendre la seule attitude qui convenait dans les circonstances.

Elle devait avertir le pays des dangers inévitables qu’allait lui faire courir cette guerre, quels qu’en fussent les résultats, et refuser de voter les subsides qui lui étaient demandés. Puis, se joignant à ceux qui avaient signé l’appel dont nous venons de parler, inviter les deux peuples à organiser par tous les moyens