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Cela n’empêchera cependant pas, comme nous le verrons ultérieurement, le parti républicain autoritaire d’accuser les socialistes et l’Internationale d’impérialisme, chaque fois qu’il en aura besoin pour se justifier de ses crimes et de son incapacité.

Le temps approchait du reste pour ce parti de témoigner une fois de plus et douloureusement pour la France, combien sont vaines ses prétentions à diriger la révolution dont 1789-93 affirma les principes, sans la réalisation desquels il ne peut y avoir pour notre patrie que bouleversements sans fin et ruines irrémédiables.

À peine l’empire fut-il derechef consacré par le nouveau plébiscite, que l’imminence d’une guerre avec la Prusse et conséquemment avec la presque totalité de l’Allemagne devint évidente.

Socialistes et membres de l’Internationale s’occupèrent activement des moyens de la prévenir et tentèrent de faire comprendre aux travailleurs allemands et français que leurs intérêts étant identiques, la solidarité qui relie tous les prolétaires devait leur faire repousser avec horreur les armes à l’aide desquelles on prétendait les faire s’entr’égorger au bénéfice du despotisme et du privilège.

Le triomphe de l’une ou de l’autre nation, ajoutaient les socialistes, ne saurait avoir d’autres résultats que de consolider le militarisme, cause de toutes les misères et soutien de toutes les oppressions. Enfin ce triomphe ne pouvait qu’affermir encore le despotisme du vainqueur, quel qu’il fût, et ruiner, au détriment de tous, les finances et l’industrie des belligérants, sans compter la crise effroyable qu’amènerait sous le rapport de la production et de l’échange, la conflagration des deux peuples et la suite incalculable de malheurs qu’elle entraînerait fatalement.

Un appel en ce sens fut adressé par les travailleurs socialistes français à leurs frères d’Allemagne[1] : il

  1. Voir aux pièces justificatives, II.