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par les réunions qui avaient précédé les élections, n’en obligea pas moins les candidats sérieux à rendre hommage à la nécessité des réformes sociales sans lesquelles toute révolution nouvelle était par eux déclarée de nulle valeur. — Ce qui n’empêcha pas les candidats élus de regarder ces déclarations comme non avenues. — C’était dans l’ordre.

Ce mouvement des élections générales de 1869 démontra du reste clairement combien étaient peu fondées les accusations de bonapartisme lancées à la face des membres de l’Internationale. Ceux-ci, avec une véritable énergie et une entière abnégation, soutinrent ceux des candidats qui, se déclarant irréconciliables, affirmaient ainsi leur haine contre l’empire en faveur de la République. Aussi et grâce aux efforts de l’Internationale et à la discipline qu’elle sut organiser parmi ses adhérents, le succès des candidats républicains de Paris fut-il un éclatant et véritable triomphe dont l’empire fut ébranlé à ne s’en pouvoir remettre.

Un an plus tard, l’empire, qui avait résolu d’en venir aux mains avec la Prusse, ayant cru devoir puiser de nouvelles forces dans un plébiscite qui consacrât encore une fois son existence, le parti socialiste et l’Internationale prouvèrent de nouveau — en soutenant presque seuls dans les réunions populaires la campagne anti-plébiscitaire — combien ils comprenaient que monarchie et réformes sociales étaient incompatibles et exclusives l’une de l’autre.

Le pouvoir impérial témoigna de son côté qu’il le comprenait ainsi, car, après avoir fait arrêter un assez grand nombre de membres de l’Internationale tant en en province qu’à Paris — sous prétexte du complot Beaury — il les fit traduire devant les tribunaux correctionnels. Des condamnations à un emprisonnement qui variait de deux mois à deux ans avertirent suffisamment ceux qui en furent l’objet qu’ils étaient spécialement destinés à payer à l’avenir les frais de tout nouveau conflit entre les républicains et l’empire.