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informe. Ce n’est plus une puissance : c’est un moyen.

Par tradition donc, et surtout dans l’intérêt de sa prépondérance et des bénéfices qu’elle en relire, la presse française est d’instinct l’ennemie du droit de réunion.

Aux élections de 1863, n’avait-on pas vu la presse parisienne diriger les élections et patronner les candidats, tout comme de son côté le faisait le gouvernement ?

Grâce aux réunions publiques, au contraire, n’était-il pas évident que lors des élections prochaines, loin de diriger ni de patronner, la presse ne serait plus qu’un organe de publicité au service des décisions prises par les assemblées populaires électorales ?

Éloigner les électeurs de ces assemblées, en les ridiculisant, et infirmer à l’avance aux yeux de leurs lecteurs les résolutions qui y pourraient être arrêtées, telle fut l’unique préoccupation de la presse parisienne tout entière, et tous les moyens furent jugés bons pour obtenir un tel résultat à Paris et dans la province. — Pour Paris ce calcul fut déjoué, mais il réussit pleinement dans les départements, à l’aide des calomnies de tous genres dont les orateurs des réunions publiques furent l’objet.

La presse républicaine, nous le répétons, ne faillit pas à cette croisade entreprise contre le droit de réunion et s’y montra tout aussi acharnée.

Ce fut alors et quelques mois avant les élections qu’un certain nombre de socialistes, bien connus dans les réunions où ils avaient souvent pris la parole, voulant mettre fin au système de calomnies dont ils étaient poursuivis, invitèrent tous les députés de la Seine à une série de réunions spéciales où devaient être discutées à fond toutes les questions traitées jusqu’alors par les socialistes[1].

Pour laisser toutes garanties aux députés et afin de

  1. Voir aux pièces justificatives, I.