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tort ou à raison, (à tort selon nous). Nous pensons que nous avons le devoir d’aider la Commune à triompher de la lutte qui n’est pas encore terminée avec Versailles.

Afin de ne pas venir troubler les nécessités de la situation par des discussions stériles, nous avons cru bon, non pas de résigner notre mandat, nous n’en avons pas le droit, mais d’aller dans nos arrondissements organiser la défense et d’aller aux remparts y stimuler les combattants. C’est là le motif de la déclaration que nous avons faite de bonne foi.

Nous minorité, nous envisageons le droit électoral d’une autre façon que la majorité. Mais nous ne nous reconnaissons pas le droit de décliner la responsabilité complète et entière des actes de la Commune devant nos électeurs. Donc si nous avons publié notre manifeste, c’est désormais pour éviter toute lutte stérile, peut-être fâcheuse dans le sein de la Commune. Car en y restant avec un point de vue qui diffère absolument dans les moyens, nous ne pouvions manquer d’y susciter d’irritantes et inutiles discussions : il est préférable que nous nous retirions.

Mais nous ne nous « retirons pas sous nos tentes, » comme l’ont affirmé certains journalistes dont la sincérité peut à bon droit être ici mise en doute. Ils savent cependant bien ceux-là, que si nous avons accepté l’honneur de vous représenter à la Commune, nous avons accepté du même coup d’encourir jusqu’au bout tous les risques de ce périlleux mandat.

Donc, citoyens, si nous sommes venus devant vous, c’est pour que vous compreniez bien la portée réelle de notre acte et aussi pour vous assurer que le mandat que vous nous avez confié sera rempli jusqu’au bout.

Ne croyez pas que cette déclaration soit pour nous une affaire personnelle ou que nous nous occupions de ce qu’on pourra peut-être un jour penser de nous.

Que nous importe le jugement qui pourra être ultérieurement porté sur nos obscures personnalités. Si nous avons constaté les différences politiques qui existent entre la majorité de la Commune et nous, ce n’est pas pour attirer le blâme sur les uns et l’éloge sur les autres. C’est pour que plus tard, si la Commune était vaincue, on sache qu’elle était autre que ce qu’elle a paru être jusqu’ici. C’est enfin pour que les principes sur lesquels la Commune s’est édifiée, ressortent glorieux et invincibles de la tombe que lui préparent ses ennemis.


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