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pour cela même jusqu’au droit de briser les rouages administratifs que la Commune avait créés.

La Commune ne parut pas être de cet avis et prétendit avoir seule le droit de nommer les chefs de service. Dès le lendemain de cette discussion on procéda à l’élection d’un nouveau comité, le premier ayant été contraint de donner sa démission. La minorité voyant que la théorie émise par l’un de ses membres, concernant les attributions du Comité de salut public, avait été rejetée par la Commune qui venait de nommer directement les nouveaux délégués à la guerre et aux finances, crut que le Comité de salut public ne serait plus qu’un Comité d’action et que la Commune entendait rester maîtresse de la direction tous les services publics dont les chefs continueraient à être responsables seulement devant elle. Dans ces conditions la minorité se décida alors à prendre part à l’élection du second comité.

À peine celui-ci fut-il élu qu’il déclara qu’il agirait en vertu des pouvoirs que lui conférait le décret d’institution et qu’il entendait désormais avoir sous son unique direction le personnel politique et administratif de la Commune, devant laquelle, lui comité, il resterait seul responsable.

Cette déclaration tardive péchait peut-être bien au point de vue de l’honnêteté, mais elle était logique.

La minorité ne put que constater qu’il n’y avait plus de malentendu possible.

La Commune s’incarnait tout entière dans le Comité de Salut public, qui allait ainsi devenir le directeur absolu du mouvement.

La minorité pensa alors qu’elle n’avait plus qu’à se retirer.

Dans des temps ordinaires elle aurait été plus nette. On lui a reproché de n’avoir point donné sa démission. Elle l’eût certainement fait en temps normal. Mais dans le moment actuel, c’eût été le comble de la lâcheté. Bien que nous ne croyions pas à la défaite, comme toute lutte en entraîne cependant la possibilité, on aurait pu nous dire et avec raison : Vous avez eu peur et vous avez reculé devant les conséquences de la chute.

Sans doute nous avons cru et nous croyons encore que la volonté, la souveraineté inaliénable de ceux qui nous avaient envoyés à la Commune, ne nous permettait pas d’accepter le pouvoir particulier qu’on créait ainsi tout d’une pièce, contrairement aux théories politiques, en vertu desquelles nous avions été délégués.

Mais il nous reste en somme une action utile à exercer. Nous avons la mission de diriger avec plus d’ardeur l’administration de nos arrondissements, dont la Commune nous avait chargés à