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exécutif. Qu’en raison de ce principe les membres de la Commune n’ont pas reçu de leurs électeurs le droit d’aliéner cette souveraineté qui n’appartient qu’à ceux-ci. D’un autre côté, la minorité considère que les souvenirs historiques invoqués par la majorité ont un caractère fâcheux. La majorité en effet ne s’est peut-être pas assez souvenue que le Comité de salut public de 93, créé par la Convention en opposition à la Commune, fut l’adversaire implacable de celle-ci dont il mina l’influence après avoir livré ses membres les plus importants aux tribunaux révolutionnaires.

Ne cherchons pas de rapprochement, il n’y en a pas à faire. Mais néanmoins, il faut se rappeler que la chute de la Commune de Paris dans le sein de laquelle se trouvaient alors les Hébertistes, fut véritablement le coup de mort porté à la Révolution française que le 9 Thermidor trouva privée de ses défenseurs les plus dévoués et les plus intelligents. Telle fut la conséquence fatale de la création du Comité de Salut public qui, lui aussi, avait été institué cependant pour sauver la République menacée de toutes parts.

S’inspirant de cette funeste expérience, la minorité repoussa la création d’un pouvoir spécial qui lui semblait porter atteinte à la souveraineté de la Commune. L’avenir décidera si nous nous sommes ou non trompés et nous ne demanderions pas mieux que les événements à venir nous fissent voir que nous avons eu tort. Mais nous ne pouvons que craindre le contraire. C’est en vertu de ces craintes que nous avons protesté contre cette institution.

Logiquement et sous peine que le Comité de salut public ne fût rien, la Commune devait lui confier les pouvoirs les plus étendus. C’est ce qui eut lieu. Seulement il y eut quelque hésitation dans la pratique de son premier fonctionnement, et c’est ce qui fait qu’on peut reprocher un manque de logique à la minorité.

La minorité ne prit point part à l’élection du premier comité, mais, par une inconséquence apparente, qu’il nous faut vous expliquer ici, elle prit part à l’élection du second. Voici pourquoi. C’est que pendant l’exercice des pouvoirs du premier Comité de salut public, il y eut certains de ses actes qui furent critiqués par la Commune. Le Comité de salut public répondit qu’on n’avait pas délimité ses pouvoirs et que cette omission seule l’avait empêché d’agir comme il eût jugé nécessaire. Un des membres de la minorité, (celui qui a l’honneur de vous parler en ce moment) répondit alors que l’objection invoquée parle Comité de salut public était sans valeur, attendu que l’un des articles du décret qui l’instituait lui donnait les pouvoirs les plus étendus et qu’il avait