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scission fatale, comme dans toute espèce de groupe politique, ça été pour l’acquit de notre conscience à tous.

Il est d’ailleurs entendu que nous ne voulons en aucune façon diviser le corps électoral et affaiblir la défense devant l’ennemi commun.

Permettez-nous donc de vous exposer les faits et d’ajouter que, si vous nous en croyez, vous en ajournerez le jugement. Il fallait que vous en fussiez saisis, mais nous croyons que ce n’est que plus tard que vous aurez à prononcer un verdict. Sans doute ce n’est là qu’une opinion de notre part. Vous pouvez en décider autrement, mais nous le regretterions.

Le but que poursuivent la majorité et la minorité reste le même. La minorité comme la majorité de la Commune veut l’affermissement de la République, une transformation économique qui donne au travail la prépondérance qui lui est due, et la défaite complète de ceux qui s’opposent à ces réformes. La séparation ne réside donc que dans la façon d’envisager les moyens a employer pour arriver à ce but commun.

Dés le 31 octobre, ceux qui voulaient la Commune disaient : « Il n’es ! pas bon que quelques individus soient chargés du salut commun. Une ville comme Paris, où les intelligents se comptent par milliers, doit se sauver par elle-même. »

Si Paris avait accepté ces données, nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd’hui. (Approbation)

Lois donc que la Commune sortit triomphante du mouvement accompli si courageusement par le Comité central au 18 mars, un certain nombre des membres de la Commune pensèrent qu’enfin les idées qu’ils avaient défendues le 31 octobre allaient se réaliser. Le principe qui les avait guidés était celui-ci : que la Commune devait être seulement l’agent exécutif de la volonté publique se manifestant d’une façon continuelle et indiquant jour par jour, ce qu’il faut faire pour le triomphe de la Révolution.

Cette façon de concevoir l’action de la Commune a donné naissance à une minorité dans le sein de celle-ci.

À un moment donné, la Commune de Paris a cru qu’il était nécessaire, pour centraliser l’action, de constituer un groupe particulier, un rouage spécial qu’elle a appelé Comité de Salut public. La minorité s’opposa à cette création. Elle s’y opposa pour deux raisons. D’abord parce que dans sa conduite politique elle est guidée par ce principe, qui est le point de départ de la Commune, que c’est dans la totalité des électeurs de Paris que réside la puissance souveraine dont la Commune n’est que l’agent