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ble et s’est réduite au simple rôle d’Assemblée délibérante et parlementaire. Ce n’est point ainsi, quant à nous, que nous avions compris l’action de la Commune de Paris.

Le pouvoir communal, à notre sens, s’inspirant toujours des volontés populaires, librement et régulièrement manifestées, ne devait être que l’exécutif de ces volontés. La Commune était donc sans droit de déléguer la puissance souveraine à des tiers.

La majorité, trop préoccupée des péripéties de la lutte que nous soutenons contre Versailles, et perdant de vue que les idées de justice et d’égalité sociale affirmées par le mouvement du 18 mars doivent surtout concourir à en assurer le triomphe, en a décidé autrement.

Puissent les événements justifier cette décision de la majorité.

Mais notre soumission envers elle ne saurait aller jusqu’à partager plus longtemps la responsabilité de ce que nous considérons comme une véritable atteinte à la souveraineté du peuple.

Nous sommes prêts à nous écrier comme nos pères : « Périssent nos mémoires et que la Révolution soit sauvée ! » Mais nous devons à l’honneur et au triomphe définitif des principes au nom desquels nous avons été envoyés à la Commune, de les dégager absolument de toute responsabilité désastreuse dans le présent et surtout dans l’avenir.

En présence de la situation qui nous est faite et qui réduirait notre action à n’être plus que les agents passifs du Comité de Salut public, nous déclarons que nous nous abstiendrons de prendre désormais une part quelconque aux délibérations de la Commune.

Ne perdant point de vue qu’à cette heure la guerre et ses nécessités administratives est le problème essentiel à résoudre, c’est de sa solution que nous nous occuperons exclusivement. Nous nous appliquerons tout d’abord aux soins qu’exige l’administration de nos arrondissements respectifs, forcément trop négligés jusqu’ici.

Enfin nous n’oublierons pas que la stricte justice non moins que la dignité du mandat qui nous a été délégué exige impérieusement que nous partagions les dangers de ceux de nos concitoyens qui chaque jour affrontent la mort devant les balles versaillaises pour la défense de la République et des droits du peuple.

Notre place est au milieu d’eux chaque fois que notre présence ne sera pas indispensable à nos mairies. Avec eux ; nous devons vaincre et mourir au besoin pour le triomphe de la cause commune.