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Considérant que l’instruction religieuse ou dogmatique doit être laissée entièrement à l’initiative et à la direction libres des familles ;

Considérant que les peuples les plus avancés et les philosophes de toutes les écoles ont des principes communs du bien, de la morale, lesquels se résument dans la justice, dans l’inviolabilité, le respect de la personne humaine, sans distinction de race, de nationalité, de croyance, de position sociale, de sexe ni d’âge, et que ces principes sont distincts de tout culte, de toute religion, de tout système philosophique ;

Considérant que dans les écoles et salles d’asile publiques il doit être enseigné et pratiqué seulement ce qui n’est contesté par personne, ce qui concourt le plus à l’union, ainsi qu’à la pacification des sentiments et des intelligences ;

Considérant que dans tous les temps et dans tous les pays on a abusé, même de la meilleure foi du monde, de l’ignorance et de l’innocence de l’enfant pour lui inoculer, par l’exemple, par la contrainte et par l’habitude, des préventions, des sentiments d’injustice et de naine qui aboutissent à des désordres sociaux et à des guerres ;

Considérant que la justice est un droit inaliénable et imprescriptible ; qu’elle ne doit être soumise, par le pouvoir, à aucune condition, soit d’opportunité, soit de légalité ;

Considérant que la liberté de conscience ajournée, c’est la liberté de conscience violée ;

Considérant que la violation de la conscience démoralise et pervertit ; qu’elle avilit le caractère ; qu’elle peut conduire les peuples d’une manière insensible, mais rapide, aux plus grands désastres ;

Les instituteurs et institutrices des écoles et salles d’asiles du XVIIe arrondissement sont invités à se conformer aux instructions suivantes :

Ils emploieront exclusivement la méthode expérimentale ou scientifique, celle qui part toujours de l’observation des faits, quelle qu’en soit la nature : physiques, moraux, intellectuels…

L’enseignement de la morale sera à la fois usuel et théorique, dégagé de tout principe religieux ou dogmatique, afin de pouvoir être donné à tous, sans blesser qui que ce soit. Il s’éloignera également de l’esprit de domination et de l’esprit de servitude.

Il ne sera enseigné ou pratiqué en commun, ni prières, ni dogmes, ni rien de ce qui est réservé à la conscience individuelle. Les écoles et salles d’asile communales ne contiendront, aux