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Vous n’avez eu ni le courage de donner votre démission pour revenir solennellement protester devant vos électeurs, ni celui de rester à l’Assemblée pour faire entendre à la face de la France et du monde les légitimes griefs et revendications du peuple de Paris.

Vous vous êtes dérobé de façon à vous tenir à l’abri pendant la lutte et à pouvoir reparaître ensuite pour vous mettre du côté des vainqueurs.

La victoire étant restée à la Commune de Paris, vous êtes sorti de votre cachette, et vous êtes crânement venu siéger à la Commune.

Quelle y a été votre attitude ?

Ici encore je suis très à l’aise pour vous répondre, et pour faire le public juge de notre moralité politique, à tous les deux.

Soit dans le sein de la Commune, soit dans le sein de la Commission exécutive, j’ai toujours défendu contre vous la liberté des journaux, et je me suis souvent opposé à beaucoup de mesures violentes que vous souteniez avec une vivacité furibonde, et qui me paraissaient aussi peu raisonnables qu’inopportunes.

Mais en même temps que j’ai toujours tenu, — par devoir vis-à-vis de moi-même, non moins que vis-à-vis de ceux qui m’ont donné mandat, et qui ont le droit de savoir ce que je pense — en même temps que j’ai toujours tenu, dis-je, à dégager, dans toutes les discussions importantes, mon opinion individuelle, je n’ai jamais hésité à accepter la responsabilité collective de tous les actes de la Commune.

Vous dites que je vous avais promis de vous suivre sur le terrain de la question électorale. Je vous répondrai simplement que je vous y avais devancé, en votant contre la validation des élections, avec douze de mes collègues, ce qui nous a valu d’être désignés comme réactionnaires par votre collaborateur Vésinier.

Quant à votre opinion personnelle, il est probable que la Commune ne l’aurait jamais sue au juste, si vous n’aviez cru devoir saisir ce prétexte pour donner votre démission.

Depuis que, malgré vous, et un peu par mon insistance, les procès-verbaux de nos séances sont devenus publics, vous vous êtes fait remarquer par une abstention à peu près complète, et vous vous êtes réservé uniquement pour les comités secrets, où vous avez toujours soutenu, comme le faisait observer avec juste raison notre collègue J. B. Clément, les mesures les plus intolérantes, les plus violentes, les plus énergiques.