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tions surannées, qui ont pu être odieuses lorsqu’elles se sont produites, et qui ne sont plus aujourd’hui que ridicules.

Il doit porter uniquement sur notre attitude réciproque dans la grande lutte révolutionnaire engagée depuis le 4 septembre ; et sur la façon dont nous comprenons et dont nous pratiquons notre devoir vis-à-vis du peuple, qui nous a envoyés, vous et moi, pour le représenter à la Commune.

Nous nous sommes déjà trouvés ensemble, citoyen Félix Pyat : — le 31 octobre.

Ce jour-là déjà vous avez manqué à la cause du peuple, qui avait été, dès le début de la journée, vous chercher au bureau de votre journal pour vous porter triomphalement à l’Hôtel-de-Ville.

Vous deviez rester à ce poste d’honneur, pour y succomber, s’il le fallait, à la tête de ce peuple, qui vous donnait un témoignage si éclatant de sa confiance.

Il ne s’agissait pas de succomber, d’ailleurs. Votre présence eût décidé du triomphe de la Révolution, qui a été compromise, et finalement perdue, par votre fuite précipitée. Que pouvaient faire les soldats abandonnés sans leur chef ?

Il faudra bien que nous vous demandions compte un jour, citoyen Félix Pyat, de votre attitude pendant cette journée.

Mais ce n’est pas tout : emprisonné avec nous, au lieu de revendiquer, comme nous le faisions tous, l’honneur de cette grande protestation du peuple contre les lâchetés et les trahisons de la défense, — et vous y aviez plus que personne effectivement contribué par vos éloquents articles du Combat, — vous l’avez désavoué, vous y avez répudié toute participation, vous avez eu le triste courage d’insulter publiquement Flourens : — Moyennant quoi, vous avez été mis en liberté avec M. Maurice Joly.

Vous avez déserté la prison comme vous aviez déserté l’Hôtel-de-Ville.

Moi qui n’avais pas été, à proprement parler, à l’Hôtel-de-Ville et qui, par des circonstances plus ou moins dépendantes de ma volonté, étais resté à peu près étranger à la journée du 31 octobre, j’ai considéré comme mon devoir de rester solidaire de nos amis politiques arrêtés, et j’ai attendu de comparaître devant le conseil de guerre après quatre mois d’une prison, où nous avons été abreuvés de persécutions et de dégoûts, pour présenter ma défense. Lequel de nous deux a le mieux fait son devoir ?

Le peuple vous a pardonné votre défaillance, et il vous a envoyé à l’assemblée de Bordeaux.

Quelle attitude y avez-vous eue ?