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que les élus n’ont pas le droit de remplacer les électeurs. Je crois que les mandataires ne doivent pas se substituer au souverain. Je crois que la Commune ne peut créer aucun de ses membres, ni les faire, ni les parfaire ; qu’ainsi elle ne peut, de son chef, fournir l’appoint qui leur manque pour leur nomination légale.

Je crois enfin, puisque la guerre a changé la population, qu’il était juste de changer la loi plutôt que de la violer. Née du vote, en se complétant sans lui, la Commune se suicide. Je ne veux pas être complice de la faute.

Je suis convaincu de ces vérités au point que si la Commune persiste dans ce que j’appelle une usurpation de pouvoir électif, je ne pourrai concilier le respect dû au vote de la majorité avec celui dû à ma conscience ; et alors je serai forcé, à mon grand regret, de donner, avant la victoire, ma démission de membre de la Commune.

Salut et fraternité.

Félix Pyat.


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XXI

LETTRE

de Vermorel au citoyen Félix Pyat.




Citoyen Félix Pyat,

Quand on déserte le poste de combat et d’honneur, on n’a pas le droit de jeter par derrière l’outrage à ceux qui font leur devoir.

Vos attaques ne peuvent m’atteindre. Celui qui affronte les balles à poitrine découverte ne se détourne pas pour éviter les éclaboussures de la boue.

Je vous répondrai pourtant ; mais ce ne sera pas pour me défendre, ce sera pour faire justice.

Il y a, dites-vous, une question de moralité politique à vider entre nous.

J’accepte le débat ; mais il ne peut pas porter sur des accusa-