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tisans du moyen-âge, par les bourgeois de la Renaissance, par les combattants de 1789, qui a coûté la vie à tant de héros glorieux ou obscurs, va se consommer sans lutte sanglante, par la toute-puissance de la volonté populaire qui se prononcera souverainement en déposant son bulletin dans l’urne.

Pour assurer le triomphe de l’idée révolutionnaire et communale dont nous poursuivons le pacifique accomplissement, il importe d’en déterminer les principes généraux et d’en formuler le programme que vos mandataires devront réaliser et défendre.

La Commune est la base de tout état politique, comme la famille est l’embryon des sociétés.

Elle doit être autonome, c’est-à-dire se gouverner et s’administrer elle-même, suivant son génie particulier, ses traditions, ses besoins, exister comme personne morale conservant dans le groupe politique, national et spécial, son entière liberté, son caractère propre, sa souveraineté complète, comme l’individu au milieu ne la cité.

Pour s’assurer le développement économique le plus large, l’indépendance nationale et territoriale, elle peut et doit s’associer, c’est-à-dire se fédérer avec toutes les autres communes ou associations de communes qui composent la nation. Elle a, pour la décider, les affinités de race, le langage, la situation géographique, la communauté de souvenirs, de relations et d’intérêts.

L’autonomie de la Commune garantit au citoyen la liberté, l’ordre à la cité, et la fédération de toutes les communes ; augmente, par la réciprocité, la force, la richesse, les débouchés et les ressources de chacune d’elle, en la faisant profiter des efforts de toutes.

C’est cette idée communale poursuivie depuis le douzième siècle, affirmée par la morale, le droit et la science, qui vient de triompher le 18 mars 1871.

Elle implique, comme forme politique, la République, seule compatible avec la liberté et la souveraineté populaire.

La liberté la plus complète de parler, d’écrire, de se réunir et de s’associer.

Le respect de l’individu et l’inviolabilité de sa pensée.

La souveraineté du suffrage universel, restant toujours maître de lui-même, et pouvant se convoquer et se manifester incessamment.

Le principe de l’élection appliqué à tous les fonctionnaires ou magistrats.