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frustré, l’immense fortune dont vous jouissez actuellement lui eût été attribuée en entier, et vous eussiez perdu le fruit de toutes les manœuvres frauduleuses par lesquelles vous aviez si laborieusement préparé la spoliation. C’eût été échouer au port.

Vous avez su, maître Favre, trouver le moyen de parer à un tel danger, et voici la manœuvré compliquée de faux à laquelle vous vous êtes livré. Elle couronne admirablement l’édifice de vos crimes, c’est un trait de génie, simple comme les grandes idées, et vous n’ayez pas eu pour cela besoin de voler du papier à l’Hôtel-de-Ville.

Le sieur Vernier habitait déjà depuis longues années, comme il habite encore, à Alger, rue de la Marine, No 8, où il exerçait la profession de courtier impérial. Vous le saviez parfaitement, puisque vous étiez en correspondance suivie avec celui que la pièce énoncée sous le No 11 appelle si pittoresquement votre associé ; et vous ne pouvez pas le nier, car ceci se passait au mois de février 1860, l’époque où Vernier vous envoyait son consentement au mariage de sa fille aînée (pièce No4), consentement donné par un acte notarié du 16 janvier précédent, qui indique nettement son domicile.

C’est à ce domicile, rue de la Marine, No 8, à Alger, que devaient être signifiés au sieur Vernier tous les actes relatifs à la liquidation de la succession O… ; or,


SEIZIÈME PIÈCE.

Par exploit de Porcher, huissier à Paris, en date du 25 novembre 1859, annexé au procès-verbal de levée de scellés, sommation est signifiée au sieur Vernier, à Paris, rue des Mauvaises-Paroles, No 2, où ne trouvant personne qui puisse indiquer l’adresse, la signification est faite au parquet du procureur impérial.

De cette façon, vous étiez bien sûr, maître Favre, que Vernier ne connaîtrait pas la procédure, qu’il ne se présenterait ni devant le tribunal, ni à aucune des opérations de la succession. C’est, en effet, ce qui eut lieu.


SDIX-SEPTIÈME PIÈCE.

Tribunal civil de première instance de la Seine. Première chambre.
Du 14 février 1860.

Jugement définitif, par défaut, contre Vernier, après réassignation au même domicile, proclamant les droits de Jules Favre,