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sieur ; mon seul but est de vous montrer à la France tel que vous êtes sous votre masque, afin qu’elle puisse prononcer sur les accusations que vous nous avez adressées et que nous vous renvoyons. C’est pourquoi je viens vous rappeler les manœuvres compliquées de faux auxquelles vous avez eu recours pour éluder les difficultés qu’allait vous susciter la résistance des héritiers O.

Ces difficultés étaient graves. Pour vous emparer de la succession, il fallait établir : 1o qu’il existait une femme dite par nous madame Julie ; 2o que cette femme était mère d’enfants portant les noms exprimés au testament ; 3o que ces enfants étaient vivants ; 4o qu’ils étaient les vôtres, et que vous aviez le droit d’administrer leurs biens.

En supposant que vous parvinssiez à faire admettre que madame Julie était cette Jeanne Charmont, qui demeurait chez vous, rue d’Antin No 19, l’état des enfants ne pouvait se prouver une par la production de leurs actes de naissance ; or ces actes n’avaient pas été tous rédigés sur vos déclarations, par conséquent, ils n’étaient pas tous faux ; l’un d’eux, celui de la mineure Berthe, avait été fait loyalement pour l’époux de sa mère, dont il révélait le mariage ; les actes de naissance des trois autres enfants ne pouvaient concorder avec l’existence de son mariage ; ils allaient donc dévoiler le faux acte de décès du sieur Vernier, si vous l’aviez produit à Dijon pour épouser Jeanne Charmont, sa femme, ou si réellement vous n’aviez pas contracté ce mariage, on allait découvrir les suppressions d’état et vos faux nombreux, c’est-à-dire une série de crimes, à rendre jaloux les plus pervers des pensionnaires de Toulon.

 

En tous cas, ces actes, aussi bien que le testament qui ne vous reconnaissait en aucune façon la qualité de père des légataires universels — excluaient toute possibilité pour vous d’exercer les droits de ces enfants. La règle du père nuptial : Pater is est quem nuptiæ demonstrant, et l’interdiction de reconnaître les enfants adultérins, vous opposaient un obstacle légalement invincible.

Mais votre génie familier, le génie du faux et des manœuvres frauduleuses, un instant abattu en vous, se releva bien vite, et, comme dans l’instruction relative à la fausse nouvelle adressée au journal le Temps[1], on vit la magistrature impériale venir à votre aide pour vous tirer d’embarras.

  1. La nouvelle — reconnue fausse — d’une prétendue victoire remportée par le général Cambriels, publiée dans le Temps du 1er novembre de 1871.