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Sous l’empire des sentiments que ces luttes devaient lui inspirer contre sa famille, M. Alphonse O. lit un testament olographe ainsi conçu :


QUATORZIÈME PIÈCE.

… Je donne et lègue tout le surplus de ma succession à Jules, Berthe, Gabrielle et Geneviève, enfants de madame dite par nous Mme Julie, demeurant à Paris, rue d’Antin, No 19, lesquels enfants j’institue mes légataires universels en toutes propriété.

Comment ce testament fut-il obtenu ? Nul ne sait ce qui s’est passé dans vos entretiens secrets avec votre client, mais on ne peut se dispenser de remarquer que le voyage que vous avez fait a Orléans avec M. Alphonse O… pour plaider son procès contre sa famille, coïncide avec le fameux acte du 19 mai 1858 (pièce No 8), par lequel vous avez prétendu être le père non dénommé dans l’acte de naissance de Gabrielle, alors âgée de treize ans, et que cet enfant est l’un des légataires universels institués par le testament de votre client.

M. Alphonse O… est mort le 14 juillet 1859, de la maladie qui le minait depuis longtemps.

À l’ouverture de son testament, ses héritiers naturels se demandèrent : Quelle est donc cette femme qualifiée : Madame, dite par nous Madame Julie, dont les enfants vont nous dépouiller ? Au domicile indiqué, rue d’Antin, 19, on ne connaissait aucune dame, dite Madame Julie, et ils entrevoyaient la caducité du legs, lorsque M. O. aîné, reçut votre visite, maitre Favre. Vous veniez, de votre ton le plus larmoyant, lui faire vos compliments de condoléance sur la mort de son frère, et lui exprimer les regrets que vos enfants fussent appelés à recueillir en entier une si opulente succession. Mais… ils étaient mineurs, vous n’y pouviez rien ! C’était, dit-on, véritablement touchant.

M. O. ne fut, lui, touché que d’une chose : l’étrangeté de votre démarche. On raconte que son esprit, aiguillonné par le dépit de se voir frustrer, se donna large carrière, aux dépens de votre dignité, qu’il s’égaya sur votre plaisante prétention de lui faire croire que son frère, dans l’intimité, vous appelait Madame Julie.

Si je voulais amuser le public, il y aurait là le sujet d’une scène très comique ; mais je ne veux rire ni avec vous, ni de vous, mon-