Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 18 —

adversaires politiques. Eh bien ! osez faire cela, monsieur Favre, je vous en défie.

En attendant, je vous dénonce à l’indignation publique, comme ayant, dans cette circonstance encore, exercé une manœuvre compliquée de faux, destinée à dépister les recherches sur vos pratiques frauduleuses.

En parcourant cette longue série d’actes frauduleux, laissés impunis par la magistrature, le cœur se soulève de dégoût devant le spectacle de tant de turpitudes, et j’entends le jury de l’opinion publique s’écrier : assez, assez, sur mon honneur et ma conscience, oui, l’accusé est un misérable.

Que sera-ce donc lorsqu’il verra remuer le cloaque des manœuvres pratiquées par vous, Monsieur Jules Favre, pour vous emparer de l’opulente succession de M. Alphonse O., de complicité avec certains juges de l’empire, sans le concours desquels vous n’eussiez pu atteindre votre but.

En 1858, un ancien négociant, M. Alphonse O…, riche célibataire, vivait dans un appartement somptueux de la rue du Fauhourg-Poissonnière. Rien ne semblait mystérieux dans la vie de cet honnête citoyen, seulement on remarquait qu’il ne fréquentait plus les membres de sa famille. C’est que, ancien ami de Jeanne Charmont, il était devenu votre client, et pendant de longues années il plaida contre ses parents devant toutes les juridictions.

Dans la conduite de ces affaires, vous vous êtes montré, maître Favre, égal à vous-même. Vous souvient-il de cette scène si bien jouée d’une plaidoirie avec un bras en écharpe devant l’intègre président Delangle ? Mais on ne vous reconnaîtrait pas tout entier si vous n’aviez trouvé le moyen d’accuser vos contradicteurs d’un faux ou d’une manœuvre frauduleuse. Les adversaires de M. Alphonse O…, votre bien cher ami, invoquaient l’une des clauses d’un contrat de mariage. Vous avez soutenu que les énonciations de ce, contrat étaient fausses ; or, vérification faite, on reconnut que l’acte portait votre propre signature. C’était en effet le contrat de mariage de l’un de vos amis, contre qui vous plaidiez, en attendant que vous pussiez le dépouiller à votre profit de la part qui devait légitimement lui revenir dans la succession de monsieur O…

Ces procès durèrent longtemps. Un premier jugement, rendu le 00 décembre 1854, fut infirmé par un arrêt de la Cour de Paris du 27 août 1855. À son tour cet arrêt fut cassé par la Cour de cassation, et ce n’est que le 3 juillet 1858 que l’affaire reçut une solution définitive devant la cour d’Orléans.