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la procession, vous allez à confesse, chacun le sait ; on pourrait donc croire que le crime consommé devant l’officier de l’étal-civil, vous ne l’avez pas osé au pied des autels. Eh bien, il faut que vos amis renoncent encore à cette illusion, le faux que vous avez commis devant le magistrat civil, dans un acte authentique, vous l’avez répété dans un acte de sacrement, devant votre Sainte Mère l’Église.

Ce n’est pas sans peine que j’ai pu me renseigner sur ce point, car, grâce à votre affiliation à la société de Jésus, vous êtes protégé par monseigneur l’archevêque, et à la sacristie de la Trinité, votre paroisse, on refuse, par ordre, toutes communications d’actes faits par vous. Mais voici ce que j’ai trouvé dans une commune voisine :


CINQUIÈME PIÈCE.

Église paroissiale de Saint-Pierre et Saint-Paul de Rueil.

Extrait des registres des actes de baptême.

Le 27 du mois d’avril 1836 a été baptisée par nous, curé soussigné, Élise-Thérèse-Geneviève, née le 5 novembre dernier, de M. Gabriel-Jules Favre, avocat à la Cour impériale, et de dame Jeanne Charmont, son épouse.

Le parrain a été M. Alphonse-François ODIOT, propriétaire, etc. Signatures : Odiot, E. Favre, Jules Favre, J. Charmont, etc.

Il serait beau, sans doute, de vous voir plaider les circonstances atténuantes avec cette rhétorique larmoyante dont vous avez tant abusé pour trahir la République, mais, je vous en avertis, ne venez pas invoquer ici vos grands sentiments, ne parlez pas de votre cœur, car on le verra bientôt, vos crimes de faux, de bigamie, de suppression d’état, et ceux qu’il me reste encore à dévoiler, ont eu pour résultat de vous enrichir ; et ce n’est que depuis leur succès que vous vivez dans l’opulence, que vous avez eu un hôtel, des chevaux, un nombreux domestique.

Il va sans dire que je n’ai nullement l’intention de m’ingérer dans votre vie privée.

Même sous le rapport moral, vos actions publiques échapperaient à toute critique si, accomplies loyalement, selon les inspirations de la conscience, elles ne se trouvaient pas en contradiction flagrante avec vos hypocrites démonstrations de respect pour les préjugés sociaux et les superstitions religieuses.

Mais chacun a le droit d’examiner au point de vue juridique les actes qui vous caractérisent, et mes intérêts de citoyen et d’accusé m’en font un devoir.