Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 5 —

nous savons, pour l’avoir expérimenté dans les réunions publiques, que, chez le peuple français, l’amour de l’art n’exclut pas le bon sens, et que celui-ci finit toujours par l’emporter.

Nous savons aussi, et c’est là surtout ce qui explique notre audace, que si, contre toute attente, nous devons être vaincus par vous sur le terrain pratique, que si vous réussissez, par vos arguments, à convaincre la nation française de l’impraticabilité de nos moyens, nous réussirons, de notre côté, à lui démontrer clair comme le jour la nécessité de trouver d’autres moyens et l’impossibilité de rester dans le statu quo.

Le parti socialiste, auquel nous avons l’honneur d’appartenir, sera sans doute alors renvoyé à l’école des moyens, mais la nation, nous en sommes profondément convaincus, vous y enverra avec lui en posant ainsi le problème :

Formuler un ensemble de mesures législatives telles que, la liberté du travail et la liberté des transactions restant sauves, l’égalité des conditions en résulte progressivement et promptement, sans spoliation ni banqueroute.

Et par là, citoyens députés, notre défaite commune ne pourra être qu’une victoire commune, une victoire qui, faisant enfin cesser la peur du socialisme, nous conduira, dans un avenir prochain, à une glorieuse et définitive conquête de la liberté, sans laquelle pas de dignité nationale.

Dans l’espoir d’une réponse favorable, nous vous envoyons, citoyens députés, l’expression de nos sentiments fraternels. Ont signé, les citoyens : E. Chemalé, A. Mural, G. Lefrançais, Briosne, H. Tolain, Demay, Aug. Bibal, G. Combes, Ch. Longuet, Pierre Denis, J. ‑A. Langlois.

(Le Peuple sur la place publique, par MM. Faure et Fontaine (de Rambouillet), page 197.)