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fois les Dumouriez, les Custine, les Houchard et tant d’autres !

Mais, si les situations sont identiques devant les périls à conjurer, d’où vient que jusqu’ici nous paraissons condamnés à y succomber, alors que 92, au contraire, ne fit que nous fortifier et nous retremper d’une énergie nouvelle ?

C’est qu’en 92, à la supériorité du nombre et de la science militaire de nos adversaires, la France sut opposer la supériorité de l’idée, et elle vainquit ; heureuse, hélas ! si elle s’était contentée de chasser l’ennemi de son territoire !

C’est qu’à la fureur bestiale de l’ennemi, dont Brunswick venait de se faire le porte-voix, la France opposa cette idée d’autant plus sublime et puissante, qu’elle était simple et juste, et qu’elle prétendit soutenir jusqu’à la mort : les droits de l’homme.

Les droits de l’homme, qu’elle venait de proclamer à la face de l’Europe monarchique et anti-égalitaire !

C’est-à-dire le droit pour tous, sans privilège de naissance, à la liberté, à la justice, à la vie !

C’est-à-dire le droit sans restrictions, de manifester sa pensée, soit par la parole, soit par l’écrit.

Le droit à l’émancipation intellectuelle, à l’aide d’un enseignement également réparti.

Le droit pour tous de participer à l’administration et à la surveillance des services publics ;

L’égalité réelle des devoirs devant les charges communes ;

C’est-à-dire, enfin, les sociétés basées désormais sur la solidarité des intérêts de tous au bénéfice de chacun.

Quelle force eût pu résister à une armée dont chaque soldat allait combattre pour assurer le triomphe de tels principes ?