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cette garantie réelle de vos intérêts, à la recherche de laquelle vous courez depuis si longtemps ?

Les travailleurs, de leur côté, n’obtenant que la misère en récompense de leurs labeurs et tombant dans un abrutissement de plus en plus profond, combien pensez-vous qu’il faudra de temps et de révolutions politiques, d’autant plus fréquentes qu’elles seront stériles, pour amener notre pays à une complète désorganisation ?

L’un de vos plus grands griefs contre les socialistes des réunions publiques — ces chenapans, comme les appellent parfois vos aimables journaux policiers — était qu’ils vous prédisaient la fatalité d’une liquidation sociale, annoncée il y a quinze ans par Proudhon, dans son livre le Manuel du spéculateur à la Bourse. Qui, d’eux ou de vous, l’a rendue inévitable, cette liquidation ? Ils vous ont prévenus qu’un abîme, sans fond peut-être, terminait la route dans laquelle vous vous étiez engagés follement. Pourquoi avez-vous persisté à la parcourir ? Vous voilà quasi arrivés au terme prévu ; s’il reste un grain de bon sens dans votre cervelle, croyez-vous maintenant que vous ayez tant à vous réjouir de l’avortement de la « criminelle tentative du 31 octobre » laquelle avait surtout pour but de vous crier casse-cou, et de vous inviter à rebrousser chemin et à changer de voie ?

Si, l’abîme entrevu, vous êtes résolus à l’éviter, non-seulement dans votre intérêt, mais dans celui des générations à venir, que vous y entraîneriez avec vous, la chose, avec un peu d’énergie et de volonté, n’est pas, en somme, impossible encore et peut être tentée.

Examinons à quelles conditions l’œuvre de salut pourrait s’opérer.


V


Si j’ai su me faire comprendre, il doit maintenant vous