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IV


Vous êtes-vous parfois demandé, quand vous faisiez faction aux remparts, en attendant l’exécution du plan Trochu, dans quel état pourrait bien se trouver le pays, après le dénouement de la lugubre farce à laquelle nous assistons en ce moment et que les « gens du 31 octobre » voulaient interrompre ?

Vous, qui êtes des commerçants, des industriels, des gens d’affaires, comme vous dites, et sachant compter (la seule chose dont vous tiriez quelque vanité), est-ce que vous n’avez pas songé déjà à dresser l’inventaire des ruines et des désastres de toutes sortes qu’auront valu à la France les sept millions de oui du 8 mai dernier ?

Et si vous ne l’avez encore établi dans votre pensée, cet inventaire, ne voulez-vous pas que nous tentions de le faire ensemble ?

Sans doute, les données précises nous faisant défaut, par suite de notre isolement forcé de la province, nous ne pourrons pas chiffrer le passif, mais il nous sera possible cependant d’apprécier suffisamment l’énormité de la carte à payer et ce sera déjà quelque chose.

Examinons donc, si vous le voulez bien.

1o On constatait, il y a quelques jours seulement, que près d’un milliard de valeurs étaient restées en souffrance à Paris depuis la première prorogation des échéances : ajoutons-y celles qui doivent charger les places de Lyon, Rouen, Bordeaux, Marseille et d’autres moins importantes, et nous arriverons, je crois, à un joli denier.

Je laisse de côté et ne mentionne que pour mémoire les valeurs de complaisance, — qui se chiffraient pour Paris seulement par plus d’un milliard, m’a-t-on dit, au commencement de cette année, — et qui valent maintenant juste leur poids de vieux papier.