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non, encore qu’il ne manquât ni de fonderies inoccupées, ni du métal nécessaire.

On transforma en humiliantes aumônes les secours, d’ailleurs insuffisants, accordés aux ouvriers, devenus soldats citoyens, et sans lesquels ils ne pouvaient vivre.

Mais, en revanche, on laissa les tripoteurs agioter sur les denrées alimentaires, sans doute pour s’entretenir la main, les opérations de bourse battant de l’aile.

On n’eut l’intelligence de supprimer tous les droits d’octroi que juste au moment où, Paris investi complétement, les arrivages devinrent impossibles, ce qui obligea nombre de cultivateurs des départements voisins de laisser leurs denrées et leurs bestiaux à la disposition de l’ennemi.

Et pour couronner l’œuvre, on livra à leurs seules ressources Strasbourg et Toul, qui durent succomber. Mais M. Gambetta leur promit à toutes deux, dans une proclamation aussi emphatique que ridicule, une statue de bronze dans la capitale, afin de récompenser leurs souffrances et leur héroïsme !

Puis toutes ces belles choses faites, on attendit patiemment que l’ennemi fît mine d’entrer dans la ville, et, pour amuser les niais jusqu’au bout, on se donna même le luxe d’une commission des barricades composée surtout d’avocats sans cause et de journalistes poussifs[1].

Ces inepties allant leur train, il devenait clair pour chacun que, comptant sur la famine qui s’avançait et aussi sur les intempéries de la saison, assez dures en somme, pour des gens de 40 à 60 ans, n’ayant jamais été soldats, les gens du Provisoire espéraient amener les Parisiens à renoncer à la ridicule prétention de continuer la résistance jusqu’au bout.

Alors et après deux mois de sacrifices de toute nature, et malgré les dénégations mensongères de l’Officiel, on

  1. MM. Dréo et Louis Ulbach, ce Veuillot sans talent, entr’autres.