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d’inertie pour retarder l’échéance que le lâche de Sédan venait de rendre inévitable.

Remplis d’une sainte horreur pour le peuple que Belleville caractérise, comme autrefois le faubourg Marceau, de glorieuse et révolutionnaire mémoire, — cette canaille, comme dit si bien l’illustre général Clément Thomas. — les chefs du Provisoire, si peu intelligents soient-ils, comprirent sans peine et très rapidement que, s’ils remplissaient avec loyauté le mandat qu’on venait de leur confier, s’ils organisaient sérieusement la résistance à l’ennemi, ils assuraient du coup le triomphe de la révolution avec toutes ses conséquences sociales.

Le peuple ne marchandant ni son sang ni sa vie au Prussien, il devenait difficile, ce dernier chassé du sol national, que les gens dont ce peuple aurait en somme défendu généreusement la propriété, ne consentissent à lui reconnaître le droit de briser les entraves légales opposées jusqu’ici à son affranchissement économique, sous peine de le lui voir prendre de force.

Le parti du Provisoire fut vite pris.

Tout en décrétant, pour la forme, l’armement des citoyens ; tout en continuant les travaux de défense déjà commencés autour de Paris ; tout en déclarant bien haut qu’on ne céderait à l’ennemi « ni un pouce de notre sol, ni une pierre de nos forteresses, » il ajouta mentalement que, quant au sacrifice de la Révolution et de la République, on pourrait s’entendre.

Et l’accomplissement de cette infâme trahison commença.

En présence de la situation que venait de créer la nécessité, la conduite de gens simplement honnêtes et décidés à remplir leur mission était toute tracée :

S’adresser aux peuples de l’Europe ; leur rappeler que de la France était parti le mouvement d’émancipation po-