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ques non garantis, dans leur exercice, par des situations économiques et sociales correspondantes.

Qu’importe, en effet, au prolétaire, cette souveraineté éphémère du scrutin — d’ailleurs sans contrôle efficace ni responsabilité réelle — si sa condition sociale ne lui donne point la possibilité de discuter lui-même ses intérêts, faute d’une éducation suffisante, et le livre forcément aux intrigues de ceux qui, à l’aide de l’outillage dont ils sont possesseurs, détiennent ses moyens d’existence ? Qu’importe pour lui cette prétendue égalité politique, devant l’urne électorale, s’il ne la peut pratiquer avec indépendance, sans exciter les susceptibilités et les ressentiments intéressés du patron, son maître implacable et tout-puissant de par le capital ?

Aussi la nécessité de réformes dans les lois qui régissent les relations du capital et du travail, est-elle devenue si évidente, que ces réformes ont été les préoccupations exclusives des travailleurs des villes et surtout de Paris, depuis le coup d’État.

Juin leur avait appris de reste ce que valait cette fraternité républicaine tant vantée et qu’on avait inscrite avec le reste de la formule, jusque sur le fronton des prisons, dans lesquelles on les empilait alors par milliers[1].

Grâce à l’Internationale — conception la plus grande et la plus féconde qu’ait enfantée notre siècle — les travailleurs français comprirent enfin qu’il y avait une autre politique que celle des monarchiens de toutes nuances, et des républicains autoritaires, tout aussi oppressifs et aristocrates que les premiers.

Le caractère social de la révolution qui s’apprêtait à renverser l’empire, s’accusa de plus en plus, ainsi que le

  1. Au moment où nous écrivions ces lignes, nous étions loin, hélas ! de nous douter de ce que nous ménageait alors la Fraternité bourgeoise !