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ou l’impéritie de ses chefs, que par l’infériorité de ses ressources militaires et de sa tactique.

À quoi attribuer cette série d’actes honteux à la charge de nos généraux ?

Pourquoi un tel désarroi dans la défense d’un pays si riche encore d’hommes et d’argent ?

D’où vient l’inertie de Paris après le 4 septembre ? D’où vient l’inertie des départements ?

Il y a, nous le répétons, un incompréhensible mystère à éclaircir, si on s’en réfère aux apparences seules.

Mais, en regardant les choses de plus près, en analysant la situation économique et morale du pays, situation que n’ont su comprendre et à laquelle n’ont su remédier ni 1830, ni 1848, cette inertie des classes, dites élevées et jusqu’alors gouvernantes en France, n’a que trop sa raison d’être.

Quoiqu’en disent les légistes et les élégiaques du libéralisme, républicain ou autre, peu importe, il n’a pas cessé d’y avoir deux classes dans notre pays : celle qui n’a rien ou presque rien et qui travaille pour vivre — la plus nombreuse ; celle qui possède et vit des labeurs de la première — de nombre moindre, il est vrai, — mais la plus instruite, sinon la plus intelligente, et qui gouverne en réalité par la force des choses.

Ces classes étaient parfaitement désignées, avant l’établissement du suffrage universel, par les expressions de pays légal et de pays non légal.

L’introduction du suffrage universel dans nos mœurs politiques, n’a créé, bien entendu, qu’une égalité de surface, le fond des choses étant resté le même que devant.

Il y a plus : depuis 1848, l’inégalité des conditions s’est accentuée d’autant plus, que le suffrage universel a démontré aux travailleurs l’inanité absolue de droits politi-