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que, lorsqu’on vous annonçait de Verdun (17 août) que l’ennemi battait en retraite vers le Sud, cela voulait dire en bon français, qu’il avançait sur Paris ! et, stupidement, vous chantiez victoire !

Oui, chers concitoyens, voilà où le peuple le plus spirituel du monde (cliché que je lis à chaque instant) en était arrivé ! — Je crains bien, hélas ! qu’il n’y ait pas grand’chose de changé.

Voyons un peu, en effet.

Oubliant qu’il y a bientôt un siècle, à force de conjuguer ce verbe, dont l’infinitif était aussi long qu’agaçant « être l’agent de Pitt et Cobourg, » on a énervé l’action révolutionnaire, en décimant, grâce à cette absurde accusation, ce qu’il y avait alors de plus énergique et de plus intelligent ; voilà que vous jetez à tout propos et avec non moins de niaiserie, l’imbécile épithète de Prussien à la tête de tous ceux qui ne s’inclinent point devant les filandreuses circulaires du grand Jules Favre, ou les ineptes ordres du jour de l’illustre Trochu.

À la remorque de toute la presse vénale, qui, pendant vingt années, lécha les bottes du traître de Sédan, vous aboyez au Prussien contre ceux qui, après avoir protesté autant qu’ils le pouvaient alors, au péril de leur liberté, contre la déclaration de guerre du 15 juillet, affirment maintenant que l’honneur exige impérieusement la lutte à outrance, jusqu’à l’expulsion complète de l’envahisseur !

Ils ont tort, il est vrai, de parler d’honneur à des gens qui se piquent surtout d’être des gens d’affaires.

Eh bien ! soit ; disons, afin d’être plus sûrement compris, que votre intérêt, vos intérêts, habiles trafiquants, sont eux-mêmes de la partie et réclament de vous une résolution énergique dans cette lutte gigantesque.

Ce mot d’intérêts vous fait dresser une oreille attentive, et ce que ceux d’honneur, de dignité, de patrie, de