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de rendre des comptes, vous avait, de gaieté de cœur (le mot est d’Ollivier), jetés en pâture à la Prusse, espérant sans doute que quelque miracle le sortirait d’embarras.

Le miracle se traduisait pour vous dans la fameuse dépêche du 6 août, annonçant à la France que tout était perdu, ou peu s’en fallait.

Si vous aviez eu quelque intelligence alors, mes chers concitoyens, vous eussiez, comme certains de nous vous y convièrent, exécuté le 9 ce que vous ne vous décidâtes à faire qu’un mois plus tard, et tout eût été sauvé : la République eût sérieusement pu empêcher l’occupation des Vosges, de l’Alsace et de la Champagne, et, à fortiori, vous eût préservés de l’investissement qui fait à la fois votre désespoir et votre honte, et des agissements insensés dont vous êtes jusqu’ici victimes, de par la volonté et l’incurie du Provisoire.

Mais baste ! n’y avait-il pas alors le plan de l’empereur, doublé du plan Mac-Mahon, et le truc — ainsi parlaient les malins — ne consistait-il pas précisément à attirer l’ennemi d’abord devant Châlons, puis, plus tard, devant Paris, pour lui administrer une tripotée définitive ?

Que vous semble maintenant de ces fameux plans et de ces trucs ? Vous vous consolez, il est vrai, de votre déconvenue, par les riantes perspectives du plan Trochu !

En vain essaya-t-on de vous faire toucher du doigt la trahison et l’incapacité de tous les généraux, illustrés surtout par les massacres successifs des citoyens désarmés, soit dans les rues de Paris, soit au Creuzot, à la Ricamarie ou à Aubin ; vous vous mites à arrêter vous-mêmes — vous substituant sans pudeur à la police — et sous prétexte d’espions prussiens, ceux qui tentaient de vous faire voir clair dans la situation.

Vous perdîtes à ce point l’intelligence, qu’à la honte de la géographie, vous en vîntes à ne pas comprendre