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I


Quelques jours après l’héroïque folie de la Villette — à laquelle d’ailleurs je n’eus l’honneur de prendre aucune part — désespérant que la France se débarrassât jamais de l’empire, je me décidai à partir pour Genève, préférant contempler son grand lac, des hauteurs du Salève, que de voir Paris stupéfié et idiotisé par la nouvelle de nos premiers désastres dans les Vosges.

Mais je compris bientôt tout ce qu’aurait d’horrible dans cette ville, la position d’un républicain français, en face de l’invasion menaçant à la fois et pour toujours peut-être, l’indépendance et l’honneur de son pays.

Je revins donc au plus vite et assez à temps pour prendre part à la revendication du 4 septembre, qui, pour un instant, me fit croire au salut de la Patrie et à l’établissement de la République.

Oui, je vous l’avouerai : je crus durant deux heures environ à ces choses insensées.

Durant deux heures, partageant la joie générale, j’oubliai que J. Favre avait autrefois livré la République è Bonaparte ; que J. Simon avait voté l’état de siège et la transportation sans jugement des insurgés de Juin ; que Garnier-Pagès — l’homme aux 45 centimes — s’était impatienté que les canons n’arrivassent pas assez vite