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Plusieurs fois déjà, en 1830, 1848, 1870 et enfin après le 18 mars, la chose a été possible et, l’histoire de ces dernières époques à la main, on peut affirmer que le peuple, c’est-à-dire la partie la nation qui travaille et qui souffre, a toujours offert de la tenter, d’accord avec ses exploiteurs. Comment ceux-ci ont-ils répondu à l’étreinte fraternelle proposée par le peuple ? Les deux insurrections lyonnaises de 1831 et de 1834, celles, à Paris, de 1832, 1839, 1848, le coup d’État de 1851, acclamé, quoi qu’elle en puisse dire, par la bourgeoisie elle-même, enfin l’épouvantable tragédie de mai 1871, répondent de reste à cette question.

L’accord peut-il encore être tenté de nouveau ? Nous voudrions le croire, mais nous en doutons fort. Nous craignons bien qu’affolée de terreur et d’égoïsme, la bourgeoisie ne continue à élargir le fleuve de sang qui la sépare des prolétaires et, qu’avec Gambetta, tout aussi bien qu’avec une restauration monarchique quelconque, elle ne tente au contraire de se fortifier de plus en plus contre ce qu’elle appelle naïvement les « déclamations de quelques démagogues. »

Le peu de compréhension des véritables nécessités de l’avenir, qu’ont témoigné dernièrement à Lausanne, au Congrès de la Paix, ceux des plus intelligents et des meilleurs qui, parmi les bourgeois, se préoccupent de ces questions, ne nous fait guère illusion sur les dispositions des autres à cet égard. Aussi sommes-nous de ceux qui leur répéteront volontiers l’adieu que leur adressa Madame André Léo : « Vous ne vivez que de compromis, prenez garde d’en mourir[1] »

Aussi, pensons-nous qu’il serait désormais inutile, sinon dangereux, d’attendre ou même de solliciter leur

  1. Discours sur les causes de la Guerre sociale, dont Madame André Léo n’a pu lire qu’une partie au Congrès de la Paix, tenu à Lausanne le 27 septembre 1871, le président de ce Congrès n’ayant pas cru devoir permettre à l’auteur de le lire en entier.