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Quelles pourraient être les chances de la bourgeoisie et des anciennes aristocraties, en face d’un troisième mouvement de ce genre ? Bien faibles, hélas ! Et les conservateurs ne le comprennent que trop.

Il y aurait bien un moyen de parer à ces sombres prévisions.

Ce serait d’en finir une fois pour toutes avec l’impuissante prétention de comprimer l’essor des travailleurs qui réclament, au nom de la justice, leur part de droits sociaux. Ce serait de comprendre que ce qu’on est convenu d’appeler « les droits sacrés de la propriété » ne sont que des faits et non des droits. Que, de même que ces faits se sont modifiés dans le passé, ils sont appelés logiquement à se modifier de nouveau, afin de s’harmoniser avec les notions d’équité plus réelles qu’ont introduites, dans la société actuelle, les découvertes scientifiques et l’étude approfondie des phénomènes de la production, de l’échange et de la consommation.

Ce serait de comprendre que la loi ne peut et ne doit être, dans les sociétés enfantées par l’esprit révolutionnaire, que la garantie, donnée par les sociétés à chacun de leurs membres, de l’exercice intégral de leurs facultés, et non une restriction, un frein opposé à cet exercice.

Ce serait de se convaincre de cette vérité indéniable, proclamée par la constitution de l’An II, que le moindre trouble apporté dans l’exercice des droits de chacun des membres du corps social, affecte le corps social tout entier, vérité que les socialistes modernes ont traduite par un seul mot : solidarité.

Ce serait enfin, convaincue de toutes ces choses, que la bourgeoisie, abandonnant toute prétention à gouverner, politiquement et économiquement, consentît à s’entendre avec le prolétariat, pour jeter les bases d’un nouveau contrat social tendant à solidariser les intérêts et non plus à les rendre antagoniques.