Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/394

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 388 —

les ouvriers qui les exerçent, le rapport signale cet autre fait, que la terreur produite par l’état de siége a éloigné les commandes qui s’en sont allées à l’étranger.

Enfin, dernier et significatif symptôme, mentionné par ce rapport : ce qui reste à Paris de bras intelligents, décidés à fuir un pays où leur sang est constamment répandu au seul profit de leurs oppresseurs coalisés, sollicités d’aller au dehors utiliser leurs forces et leur habileté, ont commencé à émigrer dans d’inquiétantes proportions, dont on ne peut prévoir la limite.

Ainsi, tels sont les résultats qu’a donnés la dernière grande victoire du parti de l’ordre ! Le massacre, la terreur générale et le dépeuplement des industries qui furent si longtemps la gloire et la richesse du pays ! La ruine enfin de ceux-là qui, dans cette victoire, avaient salué la conservation de leurs cupides intérêts, sans songer — les misérables — qu’en égorgeant sans pitié leurs poules aux œufs d’or, ils compromettaient sans retour ces mêmes intérêts, à jamais engloutis dans le sang des prolétaires !

Si, du même coup, ils en avaient du moins fini avec la question sociale ? Mais non. Le monstre est toujours là, leur barrant le chemin et leur disant, comme le sphinx antique : Résous-moi ou je te dévore.

Quel que soit le sauveur qu’ils se donneront, Chambord, Orléans, Bonaparte, Gambetta même, ni l’ordre, ni la sécurité, ni le travail ne retrouveront leur équilibre, et plus ils feront d’efforts pour conjurer la crise, plus ils en hâteront l’effrayant développement. Et ce ne sera plus au seul prolétariat des grands centres qu’ils auront affaire, mais aussi à celui des campagnes qui, écrasées d’impôts de toutes sortes et fatiguées de pourvoir au luxe insolent de ceux qui les exploitent et les méprisent, humiliées de n’être considérées que comme des machines à voter, ne tarderont pas à joindre leurs clameurs à celles des ouvriers d’industrie. Alors