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tacher à « développer dans les âmes les principes de dévouement national ? »

Est-ce que, comme M. Laurier, l’ami de M. Gambetta, ils ne reconnaissent pas le tort que la France a eu de ne pas assez respecter l’armée ?

Écoutez ce que dit là-dessus M. l’officier supérieur de Versailles, dans son livre de la Guerre des Communeux de Paris :

« Nous avons tenu le métier des armes en souverain mépris. Nous avons conspué la vie des camps. Repoussant loin de nous toute idée d’abnégation, de sacrifice et d’efforts énergiques, nous avons ri de ces devoirs, de ces austérités militaires qui élèvent si bien l’âme et d’où procèdent toutes les vertus civiles. »

Ne croirait-on pas vraiment entendre M. Laurier dans le prétoire de Marseille ?

Donc M. Gambetta n’a pas d’autre formule que ses royaux et impériaux compétiteurs : gouvernement fort à l’intérieur, pour contenir les mauvaises passions ; exalter l’austérité militaire, — le mot est joli, — afin de fonder sur elle la vertu civile.

Et qui ne sent alors que, sous le masque de la république dite radicale de MM. Gambetta et consorts, les choses se passeraient forcément de la même façon qu’avec le gouvernement de Chambord, d’Orléans ou de Sedan ?

Est-ce qu’un « gouvernement fort » peut s’accommoder de contrôle, puisqu’il est seul responsable ? Est-ce qu’il pourrait vivre parallèlement avec la liberté de la presse, le droit de réunion, la liberté d’association ?

Que M. Gambetta et ses amis soient seulement trois mois au pouvoir et on verra ce que deviendront ces droits sacrés, déclarés « antérieurs et supérieurs à toute constitution, » par la Révolution, dont les républicains radicaux se disent les continuateurs.

Avant six mois, la France verra recommencer l’ère des fusillades sommaires et des transportations. Avant