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auquel cette révolution a donné naissance, démontre jusqu’à la dernière évidence l’indispensable et l’urgente solution : Créer un état social garantissant à chacun des membres qui le composent l’entier développement et le libre exercice de ses facultés.

Or, M. Gambetta et ses amis, qui se proclament bien haut, et dans toute circonstance, les véritables et les seuls continuateurs de ceux qui commencèrent cette vaste entreprise à la fin du dernier siècle, M. Gambetta et ses amis ont-ils jamais indiqué comment et à quelles conditions ils prétendent l’achever ?

Croient-ils qu’il suffise d’aller à Bordeaux, à Saint-Quentin, à Marseille, partout où se présente une occasion de parler, répéter solennellement, à l’exemple du prudhommesque Alexandre Dumas fils, qu’il faut que le pays se moralise, qu’il s’instruise, qu’il apprenne à tenir la balance des légitimes intérêts, toute la kyrielle enfin des ponts-neufs dont les partis politiques expectants bernent, depuis trop longtemps, les oreilles de ceux dont ils convoitent l’appui ?

Il n’y a pas longtemps encore que les Jules Favre, les Jules Simon et tous ceux qui serinaient cet air sous l’empire, ont montré ce que valait cette phraséologie creuse, à l’usage des aspirants au baccalauréat-essciences politiques.

Qu’entendez-vous par moraliser le pays et quelle morale ? Est-ce celle qui apprendra le respect de l’autorité, ou le sentiment du droit et de la justice pour tous ?

Quelle instruction et comment cette instruction ? Est-ce celle à l’aide de laquelle l’Université bourre la cervelle de ses étudiants de mots et de formules toutes faites, ou bien celle qui apprendra à nos enfants à penser par eux-mêmes et à devenir des hommes au lieu de perroquets savants ? Sera-ce l’instruction professionnelle, caressée avec amour par ceux qui n’y recherchent que l’occasion de faire l’élevage intelligent de spécialistes plus capables d’enrichir le propriétaire de la fabrique ? ou