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Les princes d’Orléans, nommés députés dans divers départements, doivent-ils ou non venir siéger à l’assemblée ? Puisera-t-on dans la bourse déjà si amaigrie de la nation, pour indemniser ces princes du vol dont ils se prétendent victimes de par l’empire ? voilà les intéressantes préoccupations de ces régénérateurs de société !

Qu’avec cela la commission des grâces continue à pourvoir les bagnes et les bourreaux, et tout ira bien… à moins pourtant que des étudiants de Paris ne viennent rôder autour de la salle des délibérations, sous prétexte de demander la vie de quelque condamné à mort[1], parce qu’alors tout serait de nouveau compromis et on serait obligé d’étrangler enfin la pauvre République qui agonise et de lui substituer brusquement quelque nouvelle monarchie… sans attendre davantage, pour nous servir de l’expression du Figaro, que cette République puisse « reculer suffisamment les limites des cimetières parisiens ! »

Eh bien ! soit. Supposons le coup d’étal réussi cette fois.

Tout ceux qui, à l’assemblée, représentent censé la République — les Louis Blanc, les Langlois, les Tolain, les Quinet, les Marc Dufraisse en tête — sont jetés à la porte par les soudards qui égorgèrent nos amis en mai dernier. Examinons ce qui va suivre.

Et d’abord qui sera le nouveau sauveur de notre pays ? L’homme de Strasbourg, de Boulogne et de Sedan ? le sinistre bandit de décembre 1871 ? Les chances sont pour lui, dit-on en ce moment[2].

  1. Une centaine d’étudiants venus de Paris s’étant présentés devant M. Thiers, à Versailles, pour lui demander la grâce de Rossel, il leur fut répondu que cette démarche compromettait gravement la paix publique, et sur le champ des ordres furent donnés, pour que toutes les forces policières fussent mises sur pied, afin de disperser ces jeunes gens inoffensifs, et les journaux de l’ordre assuraient sérieusement qu’une telle démarche justifiait de reste la crainte que l’assemblée devait avoir de rentrer dans Paris !
  2. Nous apprenons sans étonnement, qu’il aurait su recruter quelques intelligences — plus vaniteuses que sol ides — dans le jeune parti socialiste, pour tenter de créer ce qu’on appelle le néo-napoléonisme !