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en haine par ceux qui l’avaient acclamée dès le début et que devaient naturellement en détacher les mesures extra-gouvernementales, décrétées par la majorité, et outrepassées encore dans leur exécution par des agents trop zélés, quelquefois même suspects, choisis en tout cas avec trop peu de soin par ceux qui la leur confiaient.

Aussi, une fois entrés dans la voie autoritaire où la poussèrent les excitations incessantes des agents de Versailles, non moins que ses tendances propres, la Commune était-elle destinée à la parcourir jusqu’au bout, et, comme tous ceux qui l’y avaient précédée, à succomber sous l’excès même de sa prétention à tout diriger.

À ces causes d’insuccès probable, sinon certain, il faut encore ajouter celles tirées de la situation indécise que lui créait son caractère à la fois légal et révolutionnaire.

Dès en effet que les partisans de la Révolution du 18 Mars pensèrent qu’il était nécessaire à son aboutissement de reprendre ce qu’on appelle si improprement la « tradition révolutionnaire, » il fallait alors que, forts du droit que leur donnait la fuite du gouvernement et surtout de leurs intentions, ils prissent nettement au nom de la force — source originelle jusqu’ici de tous les pouvoirs — la direction des affaires publiques et s’instituassent à tous risques gouverne-

    devant le conseil de guerre — ayant été plusieurs fois menacé d’arrestation par le Comité central.

    Eh bien ! ce même baron Charles de Montant, comparaissant comme témoin devant le 3e conseil de guerre, jugeant les membres de la Commune, avouait qu’il avait eu tout le temps que dura celle-ci, des relations avec M. Thiers dont il recevait le mot d’ordre, et que c’était par ses soins à lui, l’ami d’Urbain, son commensal, que celui-ci, auquel il avait donné une feinte hospitalité, avait été livré aux agents du gouvernement ! Et ce n’est pas tout. Après cet infâme aveu, le sieur Charles de Montant, interrogé par l’avocat d’Urbain, sur ce fait qu’il aurait poussé sou client à se faire nommer délégué à la guerre, — après la retraite de Rossel, — le misérable répondit avec impudence : « C’est vrai. Delescluze n’était pas un homme à se laisser influencer, tandis qu’avec Urbain c’eût été facile ! » — Voilà, ce nous semble, un suffisant et irrécusable échantillon de la moralité des moyens employés par nos adversaires.