Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 370 —

Malheureusement, le plus grand nombre des membres de la Commune ne le comprenait pas ainsi.

Nos amis[1], imprégnés de ce préjugé, trop généralement admis jusqu’ici, que ce n’est que par l’énorme concentration de pouvoir dont la première révolution nous a laissé l’exemple, que celle-ci a pu accomplir une partie de sa tâche, s’imaginèrent de substituer de nouveau leur action à celle de leurs électeurs, encore une fois dépouillés de leur souveraineté, et de transformer la Commune en un pouvoir dirigeant et absolu, sans tenir compte de la différence des temps et des situations ressortant du mouvement industriel qui s’est effectué depuis cette époque ; sans tenir compte non plus des résistances légitimes qu’ils devaient nécessairement rencontrer chez ceux mêmes des partisans de la révolution communaliste qui saluaient précisément en elle la mise à néant de toutes prétentions dictatoriales.

Nos ennemis communs, à Versailles, ne manquèrent pas d’exploiter la contradiction qui devait, grâce à Cette tendance de la majorité de la Commune, forcément résulter des actes de celle-ci et des principes dont l’affirmation constituait seule sa raison d’être.

À l’aide de leurs nombreux agents, qui surent se glisser jusqu’auprès de certains d’entre nous et se faire nommer à d’importantes fonctions[2], ils eurent l’adresse de pousser aux mesures les plus extrêmes, en apparence du moins, afin de faire prendre la Commune

  1. Nous nous servons à dessein de cette expression à l’égard de la majorité des membres de la Commune, non seulement à titre de marque banale de sympathie, mais pour qu’il soit bien entendu surtout que, si disposés que nous soyons à combattre sans cesse leurs tendances autoritaires, nous ne les en regardons pas moins comme entièrement dévoués, tout comme nous, à l’œuvre commune : l’affranchissement du prolétariat.
  2. Un de ces misérables, un certain baron Charles de Montaut, qui s’était, grâce à Urbain, membre de la Commune, fait nommer lieutenant-colonel, fut le promoteur delà proposition faite par son protecteur d’exécuter dix étages, en représailles des assassinats auxquels se livraient constamment les Versaillais sur les fédérés faits prisonniers.

    Sans cesse il excitait à des actes d’inutile violence le malheureux Urbain, son ami, auquel il devait « son salut » — de son propre aveu