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Si, fidèle au programme que son premier président d’âge, le citoyen Beslay, avait heureusement résumé, la Commune, au lieu de se transformer en pouvoir dirigeant, eût consenti à n’être que l’agent exécutif et administratif des résolutions arrêtées en commun par l’universalité des citoyens, dans leurs comices de quartiers, elle se fût créé une invincible armée de tous ceux qui, fatigués des luttes politiques, d’autant plus stériles qu’elles ne reposent jamais que sur des questions de personnes ou de malsains intérêts de partis, cherchaient sincèrement le moyen d’en finir avec les incessantes causes de troubles et de déchirements intérieurs.

Alors sans nul doute, la France entière, que cet immense mouvement eût réveillé de sa léthargie et dont les grandes villes, en imitant Paris, lui eussent fait comprendre la véritable portée, la France entière eût imposé à Versailles l’obligation de se retirer, en même temps qu’elle eût contraint la Prusse à respecter les institutions politiques créées par sa nouvelle et dernière affirmation révolutionnaire, couronnement définitif de l’entreprise commencée depuis la fin du derniers siècle.

Du moins était-ce ainsi que le comprenaient surtout les socialistes de la Commune et le plus grand nombre des électeurs qui les y avaient envoyé siéger.

Dans cette révolution communaliste, restituant aux individus et aux groupes communaux le droit de régler directement leurs intérêts politiques et sociaux, droit jusque-là usurpé par l’action gouvernementale, les républicains-socialistes pensaient avoir trouvé, non sans raison, la véritable voie, depuis si longtemps cherchée, d’une transformation réellement pacifique, sans nouveau temps d’arrêt, des conditions économiques qui régissent jusqu’alors les relations si dénuées d’équité et surtout si barbares, du capital et du travail.