Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 368 —

une commune manifestation contre les élections municipales.

Enfin, la Commune avait à son service des forces en hommes, armes, munitions et artillerie qui, sans compter le dévouement de ses partisans, la favorisaient d’une façon exceptionnelle dans l’histoire de nos révolutions populaires, qui n’avaient jamais eu, il faut le reconnaître, de telles ressources à leur disposition.

Ces ressources, il est vrai, étaient contrebalancées par celles dont on avait eu le tort de laisser s’entourer le gouvernement de Versailles, et aussi par la situation périlleuse que créait pour Paris, la présence à ses portes du corps d’armée prussien, dont l’intervention possible en faveur de ce gouvernement, pouvait à chaque instant faire pencher la balance du côté de ce dernier.

Mais là, pour nous, n’était pas le plus grand danger que la révolution communaliste pût courir, au moins immédiatement. Le danger le plus proche et le plus probable, celui que nous redoutions le plus pour elle, c’était l’exagération même de ses propres forces, exagération qui la pouvait conduire à s’aliéner la partie la plus intelligente et la plus consciente de ses défenseurs.

La Révolution du 18 mars, en effet, n’apportait pas avec elle de simples modifications dans le rouage administratif et politique du pays. Elle n’avait pas seulement pour but de décentraliser le pouvoir. Sous peine de mentir à ses premières affirmations, elle avait pour mission de faire disparaître le Pouvoir lui-même ; de restituer à chaque membre du corps social sa souveraineté effective, en substituant le droit d’initiative directe des intéressés, ou gouvernés, à l’action délétère, corruptrice et désormais impuissante du gouvernement, qu’elle devait réduire au rôle de simple agence administrative.

C’était donc toute une, politique nouvelle que la Commune avait à inaugurer.