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leur voix, autrefois respectée, à ces misérables clameurs !

Oui, durant presqu’un mois, il ne s’éleva pas une voix pour crier : pitié ! sinon justice.

La population ainsi poussée chaque jour à acclamer ces œuvres de sang, en était arrivée à ce point de folie bestiale que, de l’aveu même de la police qui en fut effrayée ! le nombre des dénonciations atteignit le chiffre d’environ quatre cent mille !

On entendit d’honnêtes mères de famille, à l’air respectable et bon, dire froidement en public qu’il fallait absolument, pour éviter toute nouvelle révolution, « tuer les femmes et les enfants des communards ! »[1]

Qu’ils soient à jamais voués à l’exécration de nos enfants, ceux qui transformèrent ainsi Paris en un vaste champ de carnage et en une sentine à délations, pour la seule sauvegarde d’abominables intérêts.

Mais qu’ils soient également l’objet du mépris de l’histoire, ces députés républicains de Paris et des départements, qui ne surent trouver une seule parole pour flétrir les égorgeurs de leurs propres amis, et qui, plus encore, poussèrent l’oubli de toute dignité jusqu’à acclamer ces égorgeurs comme ayant « sauvé la patrie ! »

Que le sang de Ferré, de Rossel, de Bourgeois, de Crémieux, de tous ceux enfin qui tombèrent et tomberont peut-être encore sous les coups des réacteurs, soit sans cesse reproché à ceux qui ont fait cause commune avec leurs assassins.

Qu’enfin, à leur manque de cœur et de véritable intelligence démocratique, soient seules imputées les

  1. Cet atroce langage est authentique. Il fut tenu un jour en plein omnibus et à voix haute, à une personne qui nous est chère et qui, encore toute émue de cette horreur, nous la racontait quelques instants après l’avoir entendue !